Née à Bordeaux de parents guadeloupéens Moune de Rivel a été dès son jeune âge, sensibilisée au patrimoine musical et aux danses traditionnelles antillaises.
Sa mère Fernande de Virel, musicienne classique et folklorique de talent, a été une grande conservatrice du patrimoine créole et lui a transmis l’amour de la musique. De nombreux musiciens antillais vivant en France, parmi lesquels les célèbres Stellio et Léona Gabriel, venaient répéter dans la maison familiale. Bercée par cette ambiance musicale et encouragée par sa mère, Moune de Rivel donne son premier récital de chanson créole à 16 ans à La Boule Blanche à Montparnasse.
Dès le début de sa carrière, Moune manifeste son désir de faire perdurer le patrimoine musical des Antilles-Guyane dans toute son originalité.
Forte de cet héritage, Moune de Rivel devient une véritable femme-orchestre. Elle compose, chante, interprète, joue du piano et de la guitare, elle sait même imiter les bruits de la nature et le chant des oiseaux !
Et pour transmettre son amour de la chanson et de la tradition créole, Moune de Rivel parcourt le monde : les Caraïbes, l’Afrique francophone, l’Océan Indien, l’Amérique, et l’Europe, notamment la Finlande, la Belgique, la Suisse, et la France.
A la libération, c’est la première artiste créole française à se produire dans un des plus grands cabarets de New-York, le Café Society. Elle séjourne de 1946 à 1948 aux Amériques, où elle joue avec les plus grands noms de la musique noire américaine, Erold Garner, Eron Bridgers, Ellis Larkins, etc. Depuis 1952, elle se produit régulièrement en Finlande, où elle est très appréciée. Ses nombreux voyages ont stimulé sa curiosité et son attirance des particularismes culturels. Elle va jusqu’à interpréter des chansons étrangères dans la langue de ses hôtes !
Moune de Rivel a régulièrement animé des soirées dans des clubs et autres lieux culturels et gastronomiques, comme La Canne à Sucre ou Le Flamboyant. Dans les années 1960 elle ouvre un cabaret aux Champs-Elysées à Paris, « le Perroquet du Nid », où elle interprète les chansons de son répertoire et invite des orchestres de qualité en vogue.
En 1960 elle crée l’école de danses et de chants traditionnels Moune de Rivel, dont la vocation est de regrouper les jeunes talents antillais, guyanais et réunionnais.
A partir de 1963, Moune de Rivel présente plusieurs spectacles folkloriques dans des cabarets parisiens, dont Bobino en 1970. Son spectacle « Horizons créoles » sera accueilli par Sylvia Montfort au Carré Thorigny en 1974.
De 1961 à 1974, elle produit des émissions hebdomadaires à l’ORTF, « Charme de Paris », « Charme des Antilles », « Sources Vives ».
Moune de Rivel enregistre plusieurs disques au fil de sa carrière. Dans ses compositions, elle s’inspire des rythmes traditionnels, des scènes de vie, des bruits de campagne antillaises et guyanaises, des tambours ka et bèlè. En 1969, elle enregistre son premier disque poétique en langue française, un recueil de chansons dont elle a composé la musique, sur les textes d’auteurs contemporains, tels que René Maran, Jean-Pierre Chabrol, Florette Morand, Gilbert Gratiant. Elle enregistrera aussi Horizons Créoles, Guyane Mo Guyane, La Mazurka et toi, Mi an bèl péyi la Martinique, etc.
Moune de Rivel a chanté et joué avec presque tous les musiciens de sa génération : Pierre Louiss, Al Lirvat, Barel Coppet, Yoyo Siobud, Pierre de Vévé ou Harry Gatibelza.
Artiste aux talents multiples, Moune de Rivel est également actrice et peintre. Elle fait plus de 20 apparitions au cinéma, auprès de Claudia Cardinale, Bachir Touré, Véronique Jeannot, Alain Delon, etc. Elle jouera également dans des téléfilms scandinaves.
Son parcours voué à la musique folklorique lui vaudra des amitiés dans le monde entier, sera couronné par la reconnaissance du public et récompensé par de nombreuses distinctions, dont Chevalier de l’Ordre de la Haute-Volta (1960), Médaille de la Ville de Paris (1967), Médaille de la Courtoisie Française (1968), Chevalier de l’ordre du Mérite National (1966), Officier de l’Ordre National du Mérite (1994).
Soucieuse de transmettre son amour de la musique créole, Moune de Rivel a créé en septembre 1995 à Paris, le Conservatoire Moune de Rivel « Mizik an nou », où des jeunes et moins jeunes, originaires des Antilles-Guyane, de la Réunion, de l’Océan Indien, et d’autres horizons suivent des ateliers de musique traditionnelle et interprètent des œuvres créoles d’hier ou d’aujourd’hui.
Fidèle à sa passion, Moune de Rivel transmet ainsi sa flamme pour que vive et perdure le patrimoine musical créole.